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Belleville sur Loire en Haut-Berry
12 décembre 2015

Quand Paris a soif,Belleville trinque !

18° publication

 

       Quand PARIS a SOIF, Belleville trinque !

 

 

Paris, bien campé dans son bassin sédimentaire, pourtant irrigué par la Seine et ses affluents, manque d’eau potable pour son million d’habitants intra-muros. Tel est le constat du Baron Haussmann nommé préfet en 1853 par Napoléon III.

 

L’eau polluée génère de fréquentes indispositions, de terribles maux de ventre des buveurs d’eau. Plus grave, la  fièvre typhoïde n’est pas rare et le choléra provoquera 11 000 décès en 1854. Le Baron invita Eugène Belgrand à venir exercer ses compétences en hydraulique dans la capitale.

Il excellera dans la création d’un réseau d’égouts efficace, et dans le captage de sources loin de Paris, la Vanne en Champagne,  la Dhuys en Brie, qui aujourd'hui alimente Euro-Disney!

 

 

 

 

Plus tard, la population de l’agglomération, sans être celle du « Grand Paris » sera   alimentée en eau de Seine, de Marne, filtrée, stérilisée, délivrée chichement si la sécheresse règne. Dans la proche banlieue, la situation est semblable, voire pire.

Cette réalité s'explique aisément, le taux de peuplement de Paris est élevé sur un territoire peu étendu, et les améliorations des conditions d'hygiène augmentent la consommation.

Cependant, les améliorations sont réelles si bien qu’un petit métier, celui de porteur d’eau, disparaît vers 1910.

                                 

Disposer d'eau en région parisienne est un problème récurrent.

Ainsi, de 1643 à 1715, Louis XIV roi de France s'affirma à Versailles comme étant le roi soleil, dominant les nobles au sein de la Cour, et la nature dans son parc. Cependant l'eau, élément indispensable pour remplir le Grand Canal, les bassins, et surtout, pour animer les nombreuses réalisations aquatiques faisait défaut.

Pour pallier ce handicap, plusieurs projets furent établis, dont celui de Pierre Paul Riquet ( 1666-1680 ), l'illustre concepteur et réalisateur du canal des 2 mers, entre Atlantique et Méditerranée, le Canal du Midi. Il proposait d'amener l'eau du fleuve Loire, par simple gravité, grace à un canal navigable.

 

Ce n'était pas une utopie, le val de Loire en amont d'Orléans est à une altitude de +125m, alors que celle de Paris, au pied de l'Observatoire n'est que de +65m. Son programme ne fut pas retenu, on se contentera de l'eau de la Seine remontée par la Machine de Marly.

Mais l'idée de prélever de l'eau en Loire à destination de Paris, est lancée, elle sommeillera, subsistera à l'état latent, dans l'esprit des aménageurs, des hydrauliciens.

 

Vers 1850, les édiles orléanais lancent des études pour distribuer l'eau en ville. Ils choisissent de puiser dans  la rivière Loiret. Ils écartent le projet élaboré de captage de l'eau de loire en amont de Briare, amenée par un aqueduc et non pas grace à un canal.

 

En1868, ce mode de conduite de l'eau est repris par l'ingénieur Grissot de Passy, au bénéfice de Paris. Il s'agissait alors de l'eau de la nappe de Loire. Haussmann s'y oppose.

La contestation des orléanais est forte et immédiate, c'est un “caprice de la capitale contre le coeur de la France”, c'est “la guerre de l'eau entre Paris et Orléans”. Cela durera jusqu'à ce que la détermination de Paris soit admise et que des contre-parties financières soient envisagées.

 

En 1900, l'ingénieur Bechmann réveille le projet, mais plus en amont de Briare, là où les sables, les sédiments, sont plus épais, et où la réserve d'eau captive est plus importante.

 

 

En 1913, le docteur Roux, dans un rapport affirme que l'eau des vals de Loire longuement filtrée par les sédiments était “fraîche, limpide et d'une grande pureté chimique et bactériologique”

 

Sous la plage infinie qu’offre la Loire en été, gît un important volume d’eau prisonnier des alluvions transportées depuis le Massif Central par le fleuve grossi de son affluent l’Allier.

N'oublions pas que,  outre l'eau venue de l'amont, la loire draine l'eau des côteaux qui bordent la vallée, recueille l'eau de pluie tombée sur son impluvium constitué de terrains souvent perméables, et que depuis ses couches profondes, le substratum, dans un mouvement ascendant elle complète son approvisionnement.

 

Mais quelle est la capacité de ce réservoir ? Est-il alimenté en permanence ou seulement lors des crues ? Quel lien a-t-il établi avec l’eau souterraine issue des coteaux ? Va-t-on tarir les puits implantés sur les hauteurs en prélevant pour Paris ? Quelles seront les qualités de l’eau déplacée, des points de vue chimique, biologique, thermique, organoleptique ? Comment réagiront la végétation naturelle et les cultures établies dans le Val ? Est-ce bien sérieux de prélever un million de m3 par jour soit 5 m3 par seconde alors qu’à Orléans en étiage ordinaire ne s’écoulent que 40 m3 par seconde.

 

Ensuite se pose la question du captage, par drains ou par puits ? Et à quelle distance du lit mineur pour que l'eau soit bien filtrée et rafraîchie ? L'étude de la création du barrage des gorges de Villecrest, en amont de Roanne est lancée, afin de compenser l'étiage estival par des lâchers.

Enfin, argument de poids, si les prélévements dans le val de Belleville (compris entre St Satur et Châtillon sur Loire, sur une surface de 45 km2) se révélaient être à terme insuffisants, on pourrait puiser dans la vallée de l'Allier.

 

L'évacuation de l'eau était prévue par un aqueduc de dérivation de 144km de longueur, de 4,5m de diamètre intérieur, entre Ousson et des réservoirs à créer au sud de la capitale.

 

Finalement de 1910 à 1931 une approche scientifique, technique, rigoureuse des eaux de la partie du val qui nous intéresse fut entreprise par sondages, pompages, cartographie.

Hors périodes de guerre, des crédits furent régulièrement votés pour les études, par différentes instances parisiennes, projets et contre-propositions sortent de l'onde.

 

Fort logiquement, on a commencé par relever les caractéristiques de 500 puits en usage chez des particuliers, depuis les coteaux jusqu'au canal et de quelques uns creusés au bas de celui-ci.

 

Des puits furent ouverts, équipés de pompes débitant de l’eau par des tuyaux « aussi gros que la gueule d’un sac de blé », selon un témoin, diamètre de 80 cm,  en 11 points, 150 autres de 4 cm, situés à proximité pour observer l'effet du prélévement sur la nappe, pour mesurer la vitesse et la direction de l'eau. Un vestige est visible le long de l’ancienne route de la Forté, discret dans sa haie. En 1920, en 60 jours on a pompé 3 662 000 m3 !

 

Les employés actifs dans le Val créent une animation chez les commerçants locaux, pour l’hébergement, les loisirs…mais aussi franchissent les limites de propriété, creusent, entreposent, mécontentent. Pour transporter aisément buses en béton, pompes et autres fournitures, disposer de bons chemins et non de fondrières était nécessaire. Est-ce là l’origine du macadam véritable, épandu depuis les 2 ponts sur le canal jusqu’à la Loire ? Est-ce à ce moment là que sur le Riau, les 2 ponts maçonnés situés en aval de celui des « Champs Ribault » et que le discret gué empierré en limite de Sury sont créés ?  [ Avis de Recherche]

 

Une anecdote, pour visualiser les écoulements souterrains on utilisa de classiques colorants fluorescéine et fuchsine, mais aussi le purin, oui le jus de fumier ! En fait, le purin était introduit pour connaître la capacité des sols alluvionnaires à purifier l'eau.

 

En 1931 la ville de Paris achète les 130 hectares du domaine de la Glas. Un fermier, un contractuel donc s’y installe. Cela signifierait une cessation simplifiée de l'activité agricole pour laisser place à de gros travaux définitifs. 

 

L’aventure connaîtra une fin étrange, en 1936, les 200 ouvriers furent licenciés.Il s'agissait d'abord d'une main-d'oeuvre locale qui rêvait de voir son emploi pérennisé, espoir déçu !

En parallèle, Paris construisit des barrages réservoirs, en amont de la Marne, le lac du Der-Chantecoq et de la Seine, le Grand Orient. L’inondation de 1910 était alors très présente dans les mémoires.

Mais le décret autorisant les travaux à travers 7 départements pour l’aqueduc de 166 km et non plus 144, ne sera abrogé qu’au J.O. du 4 avril 1982 !

Et il faut savoir qu'en 1976, un homme a pris sa retraite de contrôleur du niveau des puits du val, ses observations ont été reprises par l'EDF.

 

Peut-être pour laisser place à un projet d’une autre nature ? La Belle au Val Dormant sera réveillée pour entrer dans le XXIème siècle.

 

 

                                                 XXXXXXXXXXXXXX

 

 

 

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