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Belleville sur Loire en Haut-Berry
10 janvier 2016

l'AGRICULTURE, productions animales

       l' AGRICULTURE

 

 

Découvrez ou souvenez-vous des premières images de « jour de fête » le film de Jacques Tati ( tourné dans l'Indre) , un convoi de forains bloqué par un chien endormi au milieu de la route…c’est tout à fait l’atmosphère de notre village, jusqu’aux années 70.

 

Entrer à Belleville en voiture supposait alors de respecter des règles de conduite particulières. Ne pas rompre la file indienne des canards qui traversent, mère en tête suivie de ses canetons, accepter d’être dévisagé par des guetteurs qui se haussent du col au-dessus des haies, vache ou cheval attentifs.

On devait également éviter les étrons, bouses galettes ou bouses parmentier, pelotes de crottin, par contre on pouvait ignorer les olives noires libérées par les chèvres.

 

« Veau, vache, cochon, couvée » l’inventaire de La Fontaine est incomplet. Tous les classiques animaux de la ferme à poils et à plumes étaient présents non pas dans chaque cour mais dans l’ensemble du village.

 

 

     Les productions animales

 

* Les chevaux étaient les plus impressionnants, généralement un couple de bêtes puissantes, dociles, au poil ras et brillant, la tête haute, crinière et queue peignées, au chanfrein si doux. Souvent issus des races Trait du Nord ou d’Ardennais, croisées avec le Trait du Berry. Cette race de trait léger, est aujourd'hui éteinte, mais elle était encore primée lors de concours, en 1950.

Disposer d’une paire de chevaux était nécessaire pour la traction en ligne des charrettes et tombereaux,  de front avec la charrue,  la moissonneuse.

Marcel Gressin préférait le Boulonnais. Le maître, un solide gaillard, une silhouette de pilier de rugby et son cheval blanc formaient un couple harmonieux et dégageaient une aura d’une incroyable puissance.

 

Cependant il était d’autres spécimens de chevaux, attendrissants, mais de vrais haridelles ! Imaginez un travail d’art manuel en classe de maternelle, une bouteille plastique pour le corps et des crayons pour les pattes…

 

Enfin dans un autre genre plus éthéré étaient les mules d’Achille. Cet homme secret, réservé, avait découvert ces hybrides lors de son service militaire. En fin de journée, quand il les menait au pré pour la nuit, dans le soleil couchant, toutes les silhouettes s’étiraient, en particulier celles des bêtes, des oreilles aux sabots. La sculpture « l’éléphant » de Dali a tout à leur envier malgré le génie du maître.

 

 

*Bien avant les tracteurs, avant l’usage généralisé du cheval de trait, une bonne histoire de fin d’assemblée, de banquet, révèle l’utilisation locale des attelages de bœufs, ce  qui n'excluait pas celle des vaches. Ces placides animaux vivaient, en couple, par paires.

Un jour, un tout jeune homme est engagé comme garçon de ferme, sa première tâche consiste à « pieucher », à désherber les betterave. Bravement, il s’y consacre avec ardeur, mais toute la matinée, il entend une voix répéter « pieucher-garçon ». A midi, rentré à la ferme, il explique au patron qu’il ne peut pas travailler en étant soumis à une pression continuelle, « pieucher-garçon », ce commandement répété inlassablement  lui est insupportable.

Le patron amusé, lui explique alors , que Pieucher et Garçon sont les noms des bœufs que le bouvier dirigeait dans la parcelle mitoyenne, derrière la haie !……souriez…

 

Le cheval s'est lentement substitué au boeuf, entre 1830 et 1914, en France, prise dans son ensemble, avec ici ou là des poches de résistance.

 

*N’oublions pas les ânes de la race Grand Noir du Berry tel « Mouton », celui du distillateur, Marcel Crotté. La race Petit Gris, appartient aujourd'hui à la liste des espèces disparues.

 

*Un animal n’était guère présent, voire totalement absent, c’est le mouton. Alors qu’aux temps historiques il avait une grande importance par la fourniture de la laine. Filée, puis teinte avant le tissage, elle devint la braie des gaulois bituriges. Associée au chanvre pour le fil de chaîne, on obtenait  le poulangy, un textile quasi inusable ; on taillait dans cette toile les pantalons, caracos, capes, robes, jupes…

Les draps de laine, pas ceux du lit, mais ceux à transformer en vêtements, issus du Berry, étaient fort réputés, et portés par les gens modestes, ils s’exportaient jusqu’à Gènes en Italie. Léré, Sancerre, entre autres agglomérations, fabriquaient cette lainerie. Louis XI n’était pas étranger à cet essor.

Le tissage s’effectuait en partie  à domicile. Lors du recensement de 1901, à Belleville, 3 chefs de famille ont déclaré être tisserands.

 

L'existence du mouton m'a été révélée par la découverte de forces (outil utilisé pour la tonte) oubliées dans un grenier et aussi par le langage. J'ai entendu des adultes dire, en rigolant,  d'un père de famille nombreuse, qu'il devrait porter une braie, comme les béliers.

Renseignements pris, pour contrôler la fécondation des brebis, on attachait un tablier, la braie, sous le ventre du mâle, ce qui interdisait une saillie. C'était avant l'adoption de la loi Neuwirth !

 

 

 

 

La présence de moutons, longtemps considérés comme les ramasse-miettes de l'agriculture, puisque parcourant les parcelles de céréales aprés la moisson, est souvent liée à des pratiques agricoles particulières, droit de vaine pâture, présence de communeaux, division du territoire en zones de culture identique, la “concordance des soles “, pâtis...

.[Avis de Recherche ] concernant ces pratiques à Belleville.

 

Pour information, des chercheurs, se sont intéressés au profil génétique du mouton du Berry, à partir du livre “les Trés Riches Heures du Duc de Berry”, illustré par les frères Limbourg vers 1410. Ils ont observé une grande ressemblance avec la race actuelle des Berrichons de l'Indre, l'autre département de l'ancienne province du Berry.

La rencontre d'un adage provocateur m'a plu : 99 moutons plus 1 berrichon, ça fait 100 bêtes !

 

*Les chèvres étaient fort bien représentées par quelques unités dans de nombreuses maisons, pas sous forme de grands troupeaux comme aujourd’hui.

 

La race la plus conseillée était l'Alpine. C'est tout à fait logique, puisque seule cette race était présente au Salon de l'agriculture, et ainsi raflait toutes les médailles !!!

Ces animaux attachants s’alimentent avec subtilité, elles ne se goinfrent pas, sauf peut-être de trèfle ou de luzerne, elles préfèrent renifler avant de croquer les pointes des jeunes pousses des haies, les sommités des plantes des chemins, une flore variée à l’origine d’un lait odorant et de fromages à l'arôme incomparable avec ceux obtenus par l’alimentation à base d’ensilage d’herbe triste.

Leur lait était recherché pour alimenter les personnes faibles, enfants, malades, vieillards.

Leurs petits, les cabins, = cabris = chevreaux, sacrifiés jeunes pour préserver la lactation, se vendaient bien. Les poils des adultes n’étaient plus prélevés et transformés en vêtements, alors que c’est encore vrai, ailleurs, pour des chèvres asiatiques, à l’origine du mohair et du cachemire, les chèvres à poils.

 

Encore une expression locale, pour exprimer qu'une personne est trés maigre, on disait qu'elle pouvait bicher = embrasser une chèvre entre les deux cornes !

 

* Les vaches de race normande représentaient l’essentiel du troupeau de bovins laitiers, avant l’invasion par les noires et blanches. Auparavant, les bovins étaient issus des croisements de races des régions voisines, charollaises, marchoises, parthenaises... Vers 1789, le poids moyen d'une vache était de 300kg, elle produisait environ 1000 litres de lait par lactation !

 

 

 

 

La production de lait justifiait la tournée journalière du collecteur de la laiterie de Bonny. Après l’utilisation des bidons, sont apparus les réservoirs réfrigérés (= tank à lait) pour se dispenser d’un ramassage quotidien.

 

Aujourd’hui les vaches à lait ont disparu ! Il est vrai que c’est une production astreignante, deux traites par jour, 365 jours par an, se lever la nuit pour aider au vêlage, pour quel revenu ?

 

* Si on regarde simplement les faits, une race locale de chevaux, le Trait du Berry, une race bovine locale, ont été remplacées par des races nationales puis pour les vaches par une race internationale. C'est un cas typique d'érosion, de réduction sensible de la diversité génétique. Dans un premier temps, la conversion est rentable pour l'éleveur, mais à terme, la consanguinité exprimera ses effets néfastes, avec l'apparition de tares héréditaires,concernant la croissance, la rusticité, la fertilité....

 

* Si à ces bêtes on ajoute les volailles, sans oublier les pigeons, les lapins, et le roi cochon, plus gros et plus gras que notre actuel porc charcutier normalisé, était lui

aussi présent dans de nombreuses familles, parfois fumé, surtout salé, sacrifié à la saint Martin, on constate que l’on pouvait vivre en autarcie vis-à-vis de la gent animale, lait et produits laitiers, viandes, œufs pour la table, plumes et duvets pour la literie.

Pour information, la poule noire du Berry, cette race “ancestrale”, par croisements est apparue vers 1900 et a connu un grand succés dans les années 1940 / 50 !!!

 

*Une pensée pour le collecteur de peaux de lapin et son appel « peaux- peaulapin… » Il achetait les peaux retournées, poils à l'intérieur, tendues par un bouchon de paille ou un arceau de bois souple.

 

Outre le « ramassage du lait », divers commerçants des bourgs voisins, charcutiers, bouchers dont un chevalin, volaillers emportaient les animaux ou leur produits à des prix prenant en compte les cours du marché de gros de Sancoins publiés dans l’hebdomadaire « La Voix du Sancerrois ».

 

* Avant de disposer de jeunes bêtes vendables, de lait, il fallait procéder à la fécondation des femelles. Concernant les vaches, dans le village un taureau s’en chargeait, Odile Archambault a été marqué dans sa chair par la détention de ce mâle rebelle.

La vache en chaleur, folle, difficile à maîriser, était attachée derrière une lourde charette attelée; ainsi maintenue, elle cheminait depuis sa ferme jusqu'à sa rencontre avec le mâle. 

 

 

 

Parfois, on pouvait croiser un cavalier, en selle sur un magnifique étalon, fier, tendu, naseaux dilatés, c’était « l’atlonier » = étalonnier qui répondait aux demandes des agriculteurs. Venait-il de la station de reproducteurs de Vailly ?

L’insémination artificielle et l'emploi des  tracteurs ont fait cesser ces pratiques.

 

* La recherche de protéines animales ne se limitait pas à un élevage familial ou professionnel.

Les oiseaux sauvages en savent quelque chose, les alouettes en hiver, victimes de la “chasse du pauvre” et au printemps les « forgniats » = jeunes prêts à l’envol, qui malgré leur fort goût d’insectes, étaient convoités.

N’ignorons pas la chasse ( libération du droit de chasse le 4 août 1789) et son corolaire le braconnage.

 

A la différence d' avec notre époque, le grand gibier était localement absent. Une fois seulement j'ai entendu parler d'un chevreuil isolé, pris par le” brout ”, dans l'actuelle rue des écoles.  Au tout début du printemps, il avait brouté les bourgeons alors riches en sucres, dans son estomac une fermentation alcoolique s'était développée, les vapeurs d'alcool, avaient troublé son comportement. Il était fin saoul !

 

Pour information, des primes pour la destruction des loups ont été votées dans le Loiret en 1866, dans la Nièvre en 1855 et en 1860 ! Le Cher est encadré par ces deux départements …! En Berry, en 1787, une tête de loup était payée 3 livres par les autorités, soit 34,5 euros. Localement, la présence du prédateur est attestée par la dénomination de quelques parcelles,  le Boisson Loup, la Vigne au Loup, accessibles par la rue des mardelles. Le cadastre ignore ces appellations pourtant trés usitées.

 

Les pêcheurs de poissons, grenouilles, écrevisses que ce soit en Loire, à la Forté, dans les douves, les mares, le canal, le riau, participaient à cette quête.

N’oublions pas le ramassage des escargots, gros blancs de Bourgogne ou petits gris.

 

Les hérissons et les anguilles de haies, dites de Sancerre, les couleuvres, étaient laissés aux nomades. Les limaces pour combattre les maux de gorge aussi.

 

Quelques rares apiculteurs, désignés sous le nom de mouchier, mot issu de mouche à miel, étaient actifs produisant de la cire, et surtout du miel, rare aliment d'origine animale dont la consommation est autorisée pendant le carême. La cire servait aussi à la fabrication de chandelles.

 

 

 

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